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Le blog

Le patriotisme enseigné en 1917 à l’école publique française

   Dans les cahiers d’école de mon arrière-grand-mère Albertine, en 1916 et 1917 pendant la première guerre mondiale, il était enseigné aux jeunes filles de l’école publique des textes ouvertement patriotiques. Il était indispensable, en  cette période critique, d’obtenir l’adhésion de tous les français jusqu’aux plus jeunes.

Les compositions françaises de l’époque sont d’étonnants témoignages de ce passé en guerre ; elles véhiculent la ferveur patriotique qu’on se devait d’enseigner aux écoliers : « Hommage aux soldats », « La boue de France », « Le Drapeau », « La mère de celui qui déserte », …

C’est une étude très interessante pour nous autres,  jeunes gens d’aujourd’hui qui ne connaissons même plus le service militaire obligatoire. Je vous laisse découvrir ces textes.

 

L'enseignement du patriotisme pendant la guerre de 14-18

Hommage aux soldats

C’est à toi, petit soldat, que je veux écrire aujourd’hui. Je ne te parlerai ni de notre reconnaissance, ni des lauriers que nous préparons pour ton retour. Ton départ, t’en souviens-tu seulement ? Non, sans doute il t’a paru si simple.

La boue de France

Dans la bataille de la Marne, Huiron fut un des villages qui souffrirent le plus. On visite ses ruines. Un Anglais découvrit un culot d’obus plein de terre.

– « Voulez-vous que je le nettoie ? » demanda un gamin s’offrant.

– « Jamais de la vie : la terre Française, c’est trop précieux ! »

Village d’Alsace

Par un soir de printemps, quand on voit mon village, avec ses toits qui fument, son vieux clocher, la petite place où l’arbre de la liberté verdit encore et la maison d’école, avec son nid de cigognes et son beffroi ; quand on voit les fiancés qui se promènent, mains unis et les vieux qui causent sur leurs portes ; quand l’air est plein de chants d’oiseaux et de chansons d’enfants, ne serait-on pas tenté de croire que vivre en mon village c’est le plus grand bonheur sur terre ?

– Oui, si là-bas dans la grande rue, on n’apercevait pas aussi la silhouette pesante et carrée du gendarme allemand.

Hansi

Le Drapeau

Le Drapeau, mes amis, sachez-le bien, est contenu dan sun seul mot, rendu palpable dans un seul objet, tout ce qui fut, tout ce qui est, la vie de chacun de nous : le foyer où l’on naquit, le coin de terre où l’on grandit, le premier sourire d’enfant, la mère qui vous berce, le père qui gronde, la première larme, les espoirs, les rêves, les chimères, les souvenirs.

C’est toutes ces joies à la fois, toutes enfermées dans un seul nom, le plus beau de tous, la Patrie ! Oui je vous le dis, le Drapeau c’est tout cela ;  c’est comme la conscience des braves gens qui marchent à la mort sous ses plis ; c’est le devoir dans ce qu’il a de plus sérieux et de plus fier.

 Jules Clarètie

 

La mère de celui qui déserte

C’est pendant la guerre ; le pays est envahi ; les ténèbres couvrent la campagne. Un jeune soldat, fuyant l’armée revient à la cabane que sa mère habite à la lisière du bois. Il frappe à la porte : « Qui est là ? » demande la mère. « C’est moi, votre fils. » « Vous, mon fils ? Vous mentez ! Mon fils est au régiment ; il défend la Patrie. » La mère, dans sa droiture héroïque, ne peut croire au retour de son fils. C’est que déserter devant l’ennemi est un crime affreux, dont la pensée même ne saurait venir aux âmes loyales.

Cahier d'école datant de 1916 et 1917.

Et aussi une rédaction demandée aux élèves

Trouvez cinq raisons pour lesquelles vou saimez le soldat. A partir du plan : 

1 – Il me défend  2 – Il m’a gardé une maison 3 – Il me permet de vivre heureux 4 – Il souffre 5 – Il voit la mort.

Développement (avec les corrections de l’institutrice. La fillette n’était pas  vraiment inspirée !)

J’aime le soldat parcequ’il défend la Patrie.

J’aime le soldat parcequ’il m’a gardé une maison.

Je l’aime parcequ’il me permet de vivre heureuse pendant la guerre.

Le soldat souffre pendant qu’il combat, exposé au froid, à la pluie, à la neige.

C’est pour ça que je l’aime.

Il voit la mort souvent, de près, mais il n’y pense pas.